Vol. 81, Nº 2Profil d'un détachement

Un policier de la GRC portant un gilet réflecteur est debout en bordure d'une route enneigée et parle au conducteur d'un véhicule.

À l’extrémité ouest du Canada

Les petites villes ne sont pas nécessairement de tout repos

Les policiers de la GRC qui travaillent dans des communautés comme celle de Beaver Creek, au Yukon, peuvent s'attendre à ce que leurs journées soient bien remplies par des appels de service des plus variés. Crédit : GRC

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Près de la frontière qui sépare le Yukon de l'Alaska se trouve le détachement le plus à l'ouest de la GRC, soit le détachement de Beaver Creek.

Niché au cœur d'un magnifique paysage montagneux dans un coin isolé du Canada, le détachement de Beaver Creek peut sembler tranquille. Mais ce n'est pas l'avis des policiers qui y servent un petit nombre d'habitants répartis sur un immense territoire.

« Il y a beaucoup à faire, nous ne passons pas nos journées assis à un bureau », affirme le gend. Jerome Lacasse, qui ajoute que la charge de travail s'alourdit l'été, alors que la population explose.

Beaver Creek est une petite localité isolée du monde. Elle se situe à près de 300 kilomètres au nord de Haines Junction et à plus de 450 kilomètres de Whitehorse. Les principaux employeurs de la municipalité sont l'Agence des services frontaliers du Canada, la White River First Nation et plusieurs établissements touristiques pour les amateurs de plein air.

Aider les gens

C'est une petite localité sur un grand territoire. Mais c'est exactement ce qu'aime le cap. Kim MacKellar, le chef du détachement.

« J'aime les petites villes canadiennes. J'aime l'hiver ici et la vie qu'on y mène pendant et après le travail, déclare le cap. MacKellar, qui a travaillé partout au Yukon. Ici, nous sommes responsables d'à peu près tout dans la communauté. »

Les résidents demandent de l'aide pour presque tout : couper du bois, extirper des voitures prises dans des bancs de neige, ouvrir des sentiers et s'occuper des animaux sauvages qui s'aventurent dans la communauté, entre autres.

Il faut aussi rechercher les chasseurs, randonneurs et voyageurs portés disparus.

« Les membres du détachement sont les seuls à mener des opérations de recherche et de sauvetage et à venir en aide à la population le long de la route de l'Alaska, qui est très passante », explique l'insp. Lindsay Ellis, chef du district du Yukon de la GRC.

Mais cela ne signifie pas que le travail à Beaver Creek est routinier.

Comme le territoire du détachement est situé près de la frontière canado-américaine, on y rencontre parfois des « coureurs », au dire du cap. MacKellar.

Parfois, des gens traversent la frontière sans papiers, accidentellement ou non.

Le cap. MacKellar raconte qu'en 2014, un homme originaire de l'Europe de l'Est est passé des États-Unis au Canada et a été appréhendé alors qu'il avait sur lui une arme de poing chargée. « Il a été arrêté, puis déporté », explique-t-il.

L'insp. Ellis affirme que les défis à relever dans un endroit comme Beaver Creek sont les mêmes que dans plusieurs postes isolés à la GRC.

Selon l'insp. Ellis, l'important est de se concentrer sur les possibilités qui se présentent chaque jour pour avoir une incidence positive sur la communauté.

Elle souligne d'ailleurs tout l'apport du cap. MacKellar — qui prendra sa retraite en juin 2019 — pour la région.

« Le cap. MacKellar a joué un rôle important dans la police communautaire au Yukon, non seulement à Beaver Creek, mais aussi sur le territoire du détachement voisin de Haines Junction, où il vit et travaille depuis 15 ans », déclare l'insp. Ellis.

Un travail gratifiant

Certains policiers passent toute leur carrière au Yukon, mais ce n'est pas pour tout le monde.

Le gend. Lacasse conseille aux nouveaux gendarmes qui pourraient être intéressés à travailler à Beaver Creek d'attendre.

« Les nouveaux gendarmes maîtri-
sent si bien la technologie et sont tellement concentrés sur de nombreux aspects des services de police qu'ils ne sont probablement pas prêts pour une affectation comme celle-là, affirme-t-il. Venir ici trop tôt pourrait être difficile. La vie est différente de celle dans le Sud, mais il est très gratifiant de travailler ici. »

Le gend. Lacasse ajoute que les policiers qui arrivent sur place apprennent rapidement à connaître tout le monde et s'intègrent facilement dans la communauté.

« En deux ou trois mois, je pense que tout le monde savait qui j'étais », se rappelle le gend. Laccase qui, à 30 ans, est le plus jeune des trois membres du détachement. L'insp. Ellis ajoute que les membres doivent pouvoir compter les uns sur les autres. « Ils doivent résoudre les problèmes avec des ressources limitées et être prêts à faire preuve de souplesse et de créativité. Et ils doivent compter sur les relations qu'ils bâtissent avec les membres de la communauté », conclut-elle.

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